Le regard de Rodrigue Vanhoutte, Artiste Peintre...
Comme une perle, ce livre.
Une poignée de destins, liés entre eux par des liens ténus, comme sont liées entre elles les différentes nouvelles qui composent ce recueil.
Destins durs souvent, tragi-comiques parfois, toujours auscultés avec justesse et empathie.
Voire une touche de cruauté savoureuse.
Destins liés à la terre aussi, la Bretagne que le titre nous souffle à l'oreille ; mais ici, pas de décor de théâtre, de prétexte à géo-localiser un récit ; ici, la terre fait corps avec les personnages, ici le pays est le liquide amniotique qui semble relier ces hommes et ces femmes entre eux, malgré eux.
Ici, la terre est un personnage à part entière.
Et semble un ailleurs possible.
Partout et nulle part, présent et intangible, comme une brume.
La cruauté, l'amour, l'absence, la solitude et l'absence de communication, l'inspiration et l'Art, le regret et le souvenir qui étouffe ou qui fait sourire, toutes ces émotions qui composent la nature humaine sont présentées avec une jolie audace, voire une certaine crudité, qui n'empêche pas la poésie.
La poésie, tiens ; ici, l'écriture d'Isabelle Mutin semble se cristalliser, une évolution me semble avoir lieu...si dans ses livres précédents, la poésie existentielle était comme un absolu désespérément désiré et perpétuellement attaqué, voire détruit par le réel, ici c'est le réel, qui est poétisé...
Un rapport semble s'être inversé, un regard semble avoir changé : dans ce livre, c'est de la réalité-même, la réalité dans ce qu'elle peut avoir de plus concrète parfois, que transpire le poétique.
Le poétique n'est plus une fin en soi ; la poésie est ici ce qui transpire de tout.
Poésie au sourire souvent un peu mélancolique, comme un jour un peu gris, sourire lumineux mais d'une lumière un peu voilée.
Comme une perle, oui, mais comme une perle de jade.
Le regard de Christophe Lefèvre, auteur...
L’Iroise, cette mer qui baigne les côtes occidentales du Finistère, rime avec Turquoise. L’écriture d’Isabelle, dans ce recueil, est au diapason de cette couleur – délicate et vibrante, précieuse. Les récits qu’elle nous offre ici sont marqués par un destin tragique (première nouvelle saisissante). Ils s’enchaînent en vagues impétueuses, implacables, irrésistibles – « des vagues sans trêve et sans fin remuées », comme disait Victor Hugo –, avant de s’écraser sur le « récif » final.
Le regard de Nadine Bussière...
On lit, en quatrième de couverture que l'auteur a eu un coup de foudre pour le Finistère.
C'est évident, il suffit de lire son livre. Seule une femme amoureuse, et de talent, peut décrire avec cette poésie simple et lumineuse l'écrin à la beauté folle et sauvage qui enserre ses nouvelles. A un point tel que je me demande encore est-ce le Finistère qui est le personnage principal du livre, l'histoire des différents protagonistes n'est-elle pas qu'un prétexte pour ne parler que d'un paysage à vous couper le souffle?
La réponse est plus simple et plus compliquée. Le bout des terres et les humains, se confondent, se nourrissent mutuellement, fusionnent charnellement. La mer, la terre, les hommes, un tout non dissociable. Un tout auquel Isabelle Mutin parvient à ce tour de force : intégrer son lecteur à ce tout. Il faut le dire, chapeau l'artiste. Il y faut une sacrée force d'évocation dans l'écriture. Le lecteur est un personnage du roman qui, comme les autres est né, de cette terre et dont le cœur bat au rythme des vagues de la mer d'Iroise.
Il y a dans ce livre, comme dans les précédents, un souffle où Eros et Thanatos s'entremêlent et déterminent parfois tragiquement des destins qui s'entrecroisent. Subtilement teintés d'irréel. Mais avec Isabelle Mutin, la littérature permettant tout, la frontière entre réel et irréel, entre onirisme et réalité est bien mince.
Eros, Thanatos, folie, raison, amour fou et désespéré, noyade et résurrection, les grands thèmes « mutiniens » sont là.
Une belle réflexion sur l'art. Sur le tour absurde que peut prendre la vie parfois. Sur cette tragédie grecque du destin des hommes qui se veulent vivants à en mourir.
Une écriture simple sans fioriture qui transpire à chaque mot une poésie qui m'a chuchoté à l'oreille.
Finis terrae, oui j'ai aimé et je recommande. Un beau galet roulé par les marées de l'Iroise. Une lumière éblouissante ou un gris à la limite du noir. Comme un ciel breton en somme.
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