« Vous imaginez : grâce à vous, dans quelque temps, on va pouvoir voyager par le train de Paris à Lyon en passant par notre bonne ville de Dijon. Vous vous rendez compte du progrès que cela représente ! Alors oui, je sais que le travail est dur. C’est tellement pénible que plus personne chez nous ne veut vous rejoindre. C’est pour cela que la compagnie a fait appel aux Piémontais. Regardez-les ces pauvres bougres. Ils ne comprennent rien de ce qui se passe, ils ne parlent pas notre langue, ils sont privés de leur pays, de leur femme, de leurs enfants. Regardez-les ! Croyez-vous qu’ils sont venus le cœur joyeux prendre notre boulot ? Ils sont venus parce qu’ils crèvent de faim chez eux, parce qu’ils voient leurs gosses mourir. Regardez les, ce sont des hommes encore plus pauvres que vous mais tout aussi courageux. Alors de grâce, ne vous en prenez pas à eux, cherchez les vrais responsables, les gros industriels qui s’enrichissent de votre sueur, de votre sang, le gouvernement Guizot qui laisse faire, que dis-je, qui encourage ces gros bourgeois à vous exploiter, vous, les ouvriers, d’où que vous veniez... »
Jules termine sous les applaudissements et les “A bas Guizot” des ouvriers français du tunnel de Blaisy-Bas... »
Malgré l’Empire, malgré la Restauration, Anne et Guillaume Moissonnier, retirés dans leur village en 1795 après avoir participé à la Révolution de 1789, continuent à rêver de République, de liberté, d’égalité et de fraternité. Ils encouragent leurs descendants à s’engager dans le combat des Républicains et des utopistes dijonnais, Gabriel Gabet, Etienne Cabet, à participer à l’aventure phalanstérienne de Young au domaine de Cîteaux... Ils ne lâchent prise que lorsque Lamartine proclame la République en 1848...
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