« – Et ce numéro que t’a donné la dame du foyer ? Tu l’as appelé ?
– Euh... non.
– Pourquoi ?
Je reste silencieuse. Pourquoi ? je le sais bien, mais j’aimerais pouvoir ne pas répondre.
– Pourquoi, Luna ?
– Je n’ai pas osé. Déjà, à la mairie, j’ai eu l’impression que la réceptionniste se moquait de moi. Elle n’a rien dit, mais je le sentais à son sou- rire, à son regard, comme si elle pensait très fort que je n’étais pas à ma place ! Au foyer, la responsable a été très gentille. Mais je me suis bien rendu compte que pour elle, je tombais de la lune. Je ne savais rien des problèmes de mes amis. En fait, depuis que je les connais, j’ai vraiment l’impression d’être une idiote, de vivre sous cloche, sans rien savoir de ce qui se passe autour de moi ! Alors, j’ai honte... et j’ai peur d’appeler. Je ne sais pas sur qui je vais tomber, je ne sais pas quoi dire.
– Personne ne te demande de tout savoir du monde à quatorze ans... ».
Griffes de lune est le récit d’une prise de conscience et d’un engagement immédiat dans l’éternel combat pour un monde plus juste et plus ouvert.
Luna, la narratrice, passe des vacances paisibles et monotones entre ses parents, ses amis et camarades de collège avant de rencontrer deux jeunes immigrés en situation précaire qui vont bouleverser sa vie et lui faire prendre conscience de la réalité d’un monde brutal, cruel, injuste. Pour aider ses nouveaux amis, elle découvre les tracasseries administratives, la complexité des lois qui la révoltent mais aussi la solidarité, la fraternité dans la lutte qui rendent la vie supportable.
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« L'homme avançait au milieu de la route empierrée, dédaignant les bas- côtés et les ornières creusées par les charrois surchargés.
Le pas était alerte, ample et assuré ; il marquait vigoureusement le sol, à peine accompagné par le solide bâton sculpté et ferré qu'une main ferme rendait aussi léger que menaçant.
La poussière accumulée sur les lourds brodequins et sur le pantalon de forte toile témoignait des lieues parcourues sous un soleil que tentait d'arrêter un large chapeau de feutre noir. Mais la chaleur et sans doute les efforts fournis avaient pourtant laissé sur le chanvre de la chemise de larges traînées de sueur masquées dans le bas du dos par un grand sac où pendait une ample pèlerine noire.
La silhouette était robuste, et assez jeune encore pour affronter, semblait- il, la fatigue des longues étapes parcourues à marche forcée. Le regard qui scrutait, tour à tour, l'avancée de la route et les petits champs qu'elle traversait, portait loin devant, confiant dans l'assurance du pied qui jamais ne trébuchait. »
Chassé de son village du Morvan par un hobereau parvenu, Pierre, le flotteur, y revient après de multiples aventures pour reprendre celle qu'il aime à la vindicte paternelle.
Le Grand détour est un passionnant roman d’aventures au style épique et aux descriptions hallucinantes : la descente du grand flot vers Paris, la retraite de Russie, la vie épuisante des ouvriers des forges de La Chaussade, la pêche en mer sur un terre-neuva au milieu des blocs de glace... Un récit où la nature est omniprésente.
Un roman social sur fond de lutte de classes, un tableau saisissant de la société du début du XIXème où se mêlent violences, haine, vengeances, amours amitiés, solidarité...
Décrits avec une grande sensibilité, les personnages de Loïc Le Goff ne sont jamais manichéens, mais forgés par leur histoire personnelle et l'Histoire.
Un roman haletant.
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« Parfois, il est dans la lune. Non. Je me suis mal exprimée. En bon élagueur, il est perché dans son arbre. Et quand il redescend, on ne sait jamais ce qu’il a rapporté des cimes de son cerveau. Hier, en étendant le linge de la machine, il a soulevé un soutien-gorge, l’a contemplé un moment, tendu à bout de bras devant lui, et il m’a lancé « Ça doit faire bizarre d’avoir des seins ! » Il est comme ça. La pensée d’Antoine, c’est une baleine. Elle nage sous l’eau. On ne la voit pas. Et de temps en temps, elle émerge, venant d’on ne sait où... »
D'une plume alerte et rieuse, Marc Rey dresse le portrait contemporain d'un couple confronté à une situation inédite.
Aurélie se retrouve clouée au lit par une mononucléose infectieuse, Antoine doit tenir les rênes du foyer et assumer la partie du quotidien dont il n'a jamais eu à s'occuper pleinement jusque-là.
Sous l'œil taquin et attendri de sa bien-aimée, nous suivons Antoine dans son apprentissage des tâches ménagères et Aurélie dans sa guérison.
Un livre qui traite avec humour et légèreté des différences hommes femmes. Un livre détente pour sourire, à consommer sans modération !
« Il n’y a plus que de longs grésillements dans ma tête. Les visions circulent. Pam a ôté ses vêtements et entre lentement dans l’eau. À côté, des gens chantent, Robbie les accompagne à la guitare. L’enfant se lève pour contempler son ouvrage. Il se parle à lui-même. Ses boucles blondes dansent dans le vent. Il pointe le doigt vers la rivière – c’est elle qu’il veut – et s’incline au-dessus des flots, offrant son front blanc aux reflets de ses propres rêves. Dieu est à l’œuvre.
Pour le moment, je m’imprègne des cours d’eau. Ruisselant, je laisse de côté les courbes de ces espoirs faisant peau neuve. Car je suis la mutation. J’englobe les absents et les mythes. L’absinthe des maîtres. Je mets au monde les prières et j’étouffe le murmure net, et pourtant lointain, de la barbarie.
Les images bleuies, les réverbérations. Corps aux contours flottants. Mirages amis. Rêves ou aberrations. La tête, couronnée de blé gorgé de vie, ordonne et le doigt levé, si jeune et pourtant si archaïque – comment ne pas le reconnaître ? – soulève les eaux de son seul désir. Je suis né pour vivre cet instant. L’univers tout entier retient sa respiration. Petit grain de sable déposé au bout du doigt. En suspens. Que sa volonté soit faite. L’enfant éclate soudain de rire... »
À cause d’une tracasserie administrative dont la France a le secret, Romain Besson, jeune docteur en littérature anglaise, est envoyé en Floride, à l’université de Melbourne qui commémore le 30ème anniversaire de la mort de Jim Morrison, le sulfureux chanteur-poète.
Deux continents, deux époques et deux femmes qui prêtent leur voix à ces jeunes hommes si dissemblables dont elles tracent le portrait tout en finesse, tendresse et sensibilité.
« Je poussai le lourd vantail de chêne. L’atmosphère sépulcrale qui régnait sous la voûte sonore du porche, où chaque bruit, même les plus ténus, était amplifié, aviva encore mes craintes... Je continuai tout de même d’avancer. En tâtonnant dans l’obscurité, j’atteignis une deuxième porte donnant sur un corridor. Une clarté vibrante, probablement celle d’un feu de cheminée, embrasait son extrémité. Lentement, j’avançai jusqu’à cette source de lumière. À mesure que se rapprochait l’issue flamboyante du long passage enténébré, mon anxiété s’atténua un peu. Aussi ressentis-je d’autant plus vivement la nouvelle commotion que me causa la vue de deux corps inanimés sur le sol de la pièce dans laquelle je pénétrai... »
Qui est l’auteur de ces meurtres en série perpétrés à l’Hôtel-Dieu ? C’est à partir des initiales C et L inscrites dans la neige par le Recteur mourant que le narrateur échafaude ses hypothèses et mène son enquête, au milieu des sombres intrigues des notables, des violences, du chaos provoqués par une épidémie de peste dans la ville de Beaune au XVIe siècle.
À partir de documents d’archives, Christophe Lefèvre nous entraîne dans les Hospices de Beaune, ce joyau du patrimoine bourguignon qu’il connaît si bien. Grâce à son érudition, à son style poétique, imagé, on navigue dans ce monde sombre, angoissant où les protagonistes dialoguent à coups de citations bibliques et de poésies latines.
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« Vous imaginez : grâce à vous, dans quelque temps, on va pouvoir voyager par le train de Paris à Lyon en passant par notre bonne ville de Dijon. Vous vous rendez compte du progrès que cela représente ! Alors oui, je sais que le travail est dur. C’est tellement pénible que plus personne chez nous ne veut vous rejoindre. C’est pour cela que la compagnie a fait appel aux Piémontais. Regardez-les ces pauvres bougres. Ils ne comprennent rien de ce qui se passe, ils ne parlent pas notre langue, ils sont privés de leur pays, de leur femme, de leurs enfants. Regardez-les ! Croyez-vous qu’ils sont venus le cœur joyeux prendre notre boulot ? Ils sont venus parce qu’ils crèvent de faim chez eux, parce qu’ils voient leurs gosses mourir. Regardez les, ce sont des hommes encore plus pauvres que vous mais tout aussi courageux. Alors de grâce, ne vous en prenez pas à eux, cherchez les vrais responsables, les gros industriels qui s’enrichissent de votre sueur, de votre sang, le gouvernement Guizot qui laisse faire, que dis-je, qui encourage ces gros bourgeois à vous exploiter, vous, les ouvriers, d’où que vous veniez... »
Jules termine sous les applaudissements et les “A bas Guizot” des ouvriers français du tunnel de Blaisy-Bas... »
Malgré l’Empire, malgré la Restauration, Anne et Guillaume Moissonnier, retirés dans leur village en 1795 après avoir participé à la Révolution de 1789, continuent à rêver de République, de liberté, d’égalité et de fraternité. Ils encouragent leurs descendants à s’engager dans le combat des Républicains et des utopistes dijonnais, Gabriel Gabet, Etienne Cabet, à participer à l’aventure phalanstérienne de Young au domaine de Cîteaux... Ils ne lâchent prise que lorsque Lamartine proclame la République en 1848...
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«... Nous voici enfin à Frisco… Depuis le temps que le Vieux me dit qu’il veut me faire voir ce que c’est qu’une vraie ville, nous y voilà.
Franchement, il n’y a pas de quoi s’extasier, je préfère nettement la campagne de mon Iowa natal. Quand on dit « ville », on pense à quelque chose où tout est en ordre, où la propreté règne, où il fait bon vivre…
Ici, tout est sale, boueux. Il a plu la veille et les rues ne sont qu’un torrent de fange emportant avec lui tous les objets qui se trouvent sur son chemin. À moins de réaliser un passage de fortune avec des planches de bois, impossible de traverser une rue sans risquer de se trouver embourbé. Même les trottoirs sont inexistants, il est impossible d’y poser le pied tellement ils sont recouverts de débris, d’objets divers...
Nous sommes allés jusqu’au port, j’ai cru que l’air du large me ferait du bien… Hélas ! Le large est vraiment au large, on ne le distingue même pas. Le port est encombré de navires qui ont servi à amener des chercheurs d’or et dont l’équipage même est parti lui aussi à la recherche de pépites. Les navires ont été laissés à l’abandon et moisissent donc ici. Au lieu de large, se dresse une forêt de mats et s’élève une odeur nauséabonde de pourriture tenace, de bois en décomposition... »
Ce roman se situe en Californie, à l’époque de la Ruée vers l’or, au milieu du XIX ème siècle. Un ancien médecin, misogyne et bourru, devenu charlatan itinérant, recueille malgré lui une jeune fille dont la famille a été massacrée par les Indiens. Ensemble ils vont parcourir cette contrée où règne le chaos, où la folie de l’or atteint tous les hommes ; ils rencontreront des personnages hauts en couleur comme la danseuse Lola Montez ou le hors-la-loi Joaquin Murietta...
Sylvain Dubois vit à proximité de Dijon. Passionné de lecture et de musique depuis son plus jeune âge, il exerce l'activité d'écrivain public. L’étoile dans la poussière est son premier roman, récit d’un périple qu’il conduit de façon alerte et originale.
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« – Je fais ce que je peux dans la vie, Aziz. Je fais ce que je peux pour Zé. Pour l’instant, il est au chaud, bien suivi, protégé. Dans l’immédiat, il n’a pas besoin de moi. Je fais ce que je peux pour les gosses, parce qu’on ne laisse pas des gosses qu’on croise sur le chemin crever de froid, de faim et de solitude. J’ai un peu de temps, quelques heures, pas plus, pour m’occuper d’eux. Mais j’ai pas les moyens, pas les connaissances, pas la technique. J’ai besoin de quelqu’un de jeune, de connecté, comme vous dites, j’ai besoin d’une voiture en état de marche, d’un chauffeur avec de bons réflexes, pour les amener là où il faut les amener : dans leur famille, et nulle part ailleurs. Si Tiago était disponible, c’est à lui que je demanderais. Mais Tiago n’est pas disponible, alors je te demande, à toi. Et tu viens me parler de chantage ! Pour ça aussi, j’ai la haine, mon nen… »
Ginou et José, dit Zé, triment dur depuis toujours entre vergers et marchés, dans leur petit mas des Pyrénées-Orientales. Ils forment un couple encore solide, mais vieillissant et en souffrance. Leur fils Tiago purge une longue peine de prison. Zé ne veut plus entendre parler de lui, et Ginou porte seule le poids de sa détention.
Un soir de novembre, le vieux Zé s’effondre, victime d’un infarctus. En attendant la fin de l’opération qu’il subit en urgence, sa femme, Ginou, incapable de tenir en place, erre dans les couloirs et sur le parking de la clinique. Attentive à ce qui l’entoure, elle remarque, au milieu des patients, un adolescent qui lui semble égaré. Afin d’aider ce jeune réfugié et sa sœur à rejoindre leur famille près de Barcelone, Ginou ne va pas hésiter à faire appel aux anciens copains de Tiago. L’un d’eux au moins lui doit sa vie paisible car, sept ans auparavant, elle n’a pas parlé…
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Hier soir j’ai frappé à la porte d’une maison où il y avait de la lumière. Une dame m’a ouvert. En m’excusant, je lui ai demandé si je pouvais recharger mon portable pour appeler mes enfants. Elle a souri et m’a laissé entrer... J’ai rencontré de tout durant ce voyage et le moindre geste de sympathie est un petit miracle. Elle était attablée avec son mari et ses trois enfants. Pendant que le téléphone chargeait, ils m’ont offert le repas, puis la goutte. J’avais déjà mangé avec le groupe mais je sentis qu’il serait impoli de refuser. Le monsieur est agriculteur en association avec son fils. Son épouse travaille à l’hôpital de la ville voisine. Ils sont pleins de pitié pour les migrants qui s’entassent devant chez eux. Pour l’instant, la guerre est passée à côté de leur village mais on ne sait jamais. Ils sont outrés de la décision des Suisses. Depuis un mois ils voyaient passer les réfugiés. Ils les aidaient comme ils pouvaient mais les marcheurs avaient peu de besoins. Les choses ont brutalement changé.
Très impliqué dans l’aide aux réfugiés, Marc Rey, pour mieux comprendre, a imaginé être l’un d’eux, contraint de quitter son pays, sa région dijonnaise, dévasté par une guerre et de chercher un pays d’accueil.
Jour après jour, il décrit cet exode, les violences, les trahisons, la peur, les drames mais aussi la naissance de solides amitiés, la bienveillance, la solidarité., les difficultés d’intégration dans le pays d’accueil...
Dans un style dépouillé et réaliste, Marc Rey ne juge pas, il rapporte des faits et laisse le lecteur forger son opinion.
« ... J’ai toujours admiré les hommes qui avaient plein de femmes. La monogamie est une idée creuse.
– Vous êtes cynique.
– Non, je ne crois pas. J’essaie simplement de vous faire admettre que l’amour est... capricieux pour ne pas dire éphémère... En faire la condition sine qua non de son bonheur est voué à l’échec. La vérité est que nous sommes seuls et que cette solitude est parfois rompue par une personne avec qui on partage de belles choses. Mais un jour ou l’autre, la solitude refait surface et si on est incapable de s’y complaire alors l’enfer s’ouvre sous nos pieds... Nous ne faisons jamais rien que peupler notre solitude. Et l’amour, j’en conviens, est certainement parmi tous ceux qui s’offrent à nous, le moyen le plus merveilleux d’y parvenir... »
Un jeune homme délaissé dans un appartement spacieux mais vide, avec pour seul ornement un vieux téléphone en bakélite... Une sonnerie stridente et, au bout du fil, une étrange et troublante voix féminine...
Nuit après nuit, va s’engager, entre ces deux êtres fragiles, blessés, un dialogue où chacun se livre peu à peu... Mais saura-t-on jamais qui est cette mystérieuse Gloria ?...
Comme dans son roman précédent, Frénésie esthétique, Stéphan Turek nous fait entrer dans le monde complexe et déstabilisant des artistes, pour qui il éprouve une grande tendresse.
«... Les couleurs du rêve sont sépia, elles ont le jaune sale des vieux parchemins, les sons surgissent plutôt qu'ils ne parviennent ou disparaissent, creusant un silence inhumain, où le rythme du corps lui-même s'ensevelit, où rien n'est matériel. Le songe fait alors miroiter ses possibles, parmi lesquels l'espoir lui-même, l'ébauche d'un sourire illuminant tes traits, le souvenir précis et jouissif, comme surgi des limbes, de l'éclat de ton œil un soir de colère, d'un chat croisé sur une volée de marches où tu t'étais assise pour mieux le caresser.
Sans transition aucune, la joie pure se meut en cauchemar. J'ignore d'où me vient cette certitude, mais je sais, à cet instant précis où je te rêve, que tu n'es plus là.... »
Quels événements tragiques ont conduit le commissaire Elée à l’amnésie dans une chambre de l’hôpital psychiatrique ?
Dans ce nouveau roman de Nathalie Garance, l’enquête se déroule au plus intime de l’âme.
Comment reprendre pied après l’irréparable quand le rêve, le cauchemar, la réalité se confondent ? Il y a les parfums, les goûts, les contacts, l’écriture sur la page blanche de l’écran. Pour l’aider dans cette quête de soi, des amis dévoués surgissant du passé, des rencontres nouvelles et les confrontations musclées avec le psychiatre et avec sa mère.
Quel avenir attend Jules Elée au sortir du tunnel ?
Dans Lettre morte, c’est l’auteur, Nathalie Garance, qui mène l’enquête. Avec minutie, elle fouille tous les coins et recoins du cerveau de son personnage, décortiquant ses relations houleuses avec les autres : parents, amis, amante... en psychologue avisée.
Lettre morte, une “enquête interne” originale...
« ... Ankylosés, glacés, roués par le choc des lames sous la quille, nos corps imprégnés de sel et de nuit n’arrivaient plus à réchauffer la moindre braise d’espoir. Aucun de nous ne savait plus ce qu’il faisait là. Nous n’arriverions jamais ; nous n’étions jamais partis. La nuit marine nous avait engloutis. Le froid, les ténèbres, la houle, l’embrun emplissaient l’univers. J’avais perdu le compte des heures. Le temps ne me paraissait même plus long : il était juste suspendu. Et suspendu, je l’étais aussi, pendule ridicule, détrempé, fessé, ballotté comme au bout d’un élastique dans cet enfer en négatif...»
1938 : Mamadou Diamé, tirailleur sénégalais juste débarqué d’un transport de troupes, affronte le vent et le froid dans une France au bord de la tempête.
1939 : Soledad Juarez, paysanne espagnole, franchit les Pyrénées dans la neige, son fils dans les bras, puis échoue sur une plage, dans une enceinte de barbelés.
2012 : Sur une pirogue de haute mer, puis sur le plateau d’un camion, Issa Diamé, graphiste et graffeur, poursuit son rêve d’artiste de l’Atlantique au désert libyen.
Trois êtres humains marqués dans leur chair, symboles d’un nouvel âge de l’errance, se suivent et s’entrecroisent sur les routes d’une planète d’exil.
Née au Sénégal où elle vit et étudie jusqu’à 18 ans, Anne-Catherine Blanc est professeur en lettres modernes. Elle enseigne en Mauritanie, en Algérie, au Maroc, en Polynésie avant de s’installer dans les Pyrénées Orientales. De sa vie de “nomade” elle nous fait partager son amour des humbles, des déshérités, de la nature, dans une langue riche, poétique, teintée d’humour tendre pour alléger l’inacceptable.
AVERTISSEMENT : CE ROMAN EST LA SUITE DU ROMAN "CELSIUS".
« Seul sur le balcon, je me consume, cigarette sur cigarette. Le vent happe la fumée et l’emporte au loin. Une ligne d’horizon rouge se détache sur un ciel sombre. Un trait de sang tiré sur toi. Le ciel se déchire et saigne. Pour ma part, je n’arrive à tirer aucun trait. Il n’y aura pas, mon amour, de terme à notre histoire. »
Vincent ne se remet pas du départ d'Isabelle. Il décide d'aller à la rencontre du psychiatre de sa compagne, le machiavélique Docteur Celsius, qu'il tient pour responsable de leur tragédie. Un dialogue tendu va alors se nouer entre Vincent et Celsius soulevant bien des questions sur le passé de la jeune femme.
L'écho de ton silence, quatrième livre d'Isabelle Mutin est la suite de Celsius paru un an plus tôt. Nous retrouvons les personnages au cœur d'un suspense plus prégnant où se mêlent amour, folie et irréel. Vincent, devenu personnage central de l'intrigue, offre à Isabelle Mutin le jeu d'une écriture nouvelle et surprenante.
«... – Je crains en fait de m’être égaré. C’est le son de votre voix qui m’a conduit jusqu’ici... Que chantiez-vous ?
– L’air final de Lohengrin. »
D’un geste gracieux, la jeune fille ôta sa capeline, libérant ainsi une mèche de ses cheveux qui retomba sur sa pommette semée d’éphélides et effleura ses lèvres en un mouvement ca- ressant.
« Je m’appelle Bérénice, reprit-elle. Bérénice Braunstein. À votre tour, monsieur le mystérieux promeneur, me direz- vous votre nom ?
– Swan Haubert.»...
“C’est un coin de verdure où chante une rivière”, un oasis de paix dans un monde tourmenté et violent.
Par la magie des images, des métaphores, des mots doux à l’oreille, Christophe Lefèvre nous invite au voyage, avec Swan, dans l’univers onirique de la toute jeune Bérénice, belle, fantasque, sensuelle, provocante. “Là, tout n'est que beauté, luxe.. et volupté.”
Combien de temps, combien de temps encore ? ... Un poétique roman d’amour, d’amour de la vie.
Un jeune lettré hanté par le rêve d’une vie plus vaste et l’obsession d’écrire, part enseigner en un pays lointain. Le premier lieu de cet exotique éloignement est aussi isolé que brûlant, peuplé de chiens jaunes et de coqs délirants... Les épreuves ne tardent pas à le flanquer par terre ; l’écriture plus ou moins le relève. Il se tourne alors vers les hommes de la forêt et du fleuve, derniers gardiens de possibles « chemins de sortie » – mais là aussi les pistes sont des impasses.
Installé désormais en un nouvel et plus paisible ermitage notre lettré-professeur recueille sous son aile un Indien de ses élèves, vagabond déraciné autant que silencieux en qui il semble se reconnaître. Au miroir de cette amitié improbable, il relit sa propre enfance, ses propres silences. Puis le récit se tait.
Un manguier préside à sa renaissance en cette troisième et dernière demeure qui est celle aussi de l’écriture. Ici se rejoignent les chemins parcourus. Ecrire est maintenant possible. Donner toute sa place au « beau désir de dire. »
Mêlant étroitement itinéraire géographique et cheminement intérieur, ce livre invite chacun à chercher, à travers lui et par-delà les mots, son propre chemin.
Né en 1975, Lionel Seppoloni a passé son enfance à Ferney puis à Chambéry. Après ses années d’études à Lyon, il a séjourné pendant sept ans en Guyane française puis est revenu vivre dans un petit village de montagne en Savoie où il partage désormais son temps entre l’écriture, l’enseignement et sa vie familiale.
«...Elle regarda le va-et-vient des passereaux ; les mésanges charbonnières et les petites à tête bleue furent les premières à piquer une graine et, toujours sur le qui-vive, à regagner les branchages à tire d’aile ; les pinsons plus hardis ou moins prudents s’attardaient tout en jetant des coups d’œil à droite à gauche jusqu’à ce que le rouge-gorge les fît fuir ; il resta seul, tête dressée orgueilleusement. Un merle arrivait en sautillant. Tout en s’emplissant les yeux de ce ballet coloré et turbulent, elle réfléchissait à ce qu’elle allait tenter pour sortir cet autre oisillon qui dormait à côté, de l’impasse où il se trouvait. Que réussirait-elle à en faire ? Une mésange peureuse ? Un rouge-gorge arrogant et solitaire ou un pinson vivant en bande avec ses congénères ? ... »
Qu’arrivera-t-il à Kévin, adolescent délinquant, séquestré par une septuagénaire solitaire, Mathilde, après une entrée rocambolesque dans la grande maison, isolée à l’extrémité du village ?
Tu seras comme l’oiseau dont je serai le nid(1) est le récit du huis-clos entre les deux personnages, ce choc des générations où se mêlent souffrance, angoisse, humour, émotion...
Comme toujours, chez Marie-Thérèse Mutin, des personnages ordinaires dans des situations malheureusement trop banales, comme on en trouve partout en poussant les portes des appartements... et des cœurs !
(1) Dernier vers du livre d’Isabelle Mutin Desirium Tremens.
Une histoire d’amitié entre un jeune peintre parti de la ferme familiale, contraint aux petits boulots pour survivre et un gitan, joueur d’accordéon, conteur et poète.
Le narrateur est le jeune peintre, ce qui donne une succession de tableaux, de portraits précis, colorés, vivants, d’images, de comparaisons extrêmement suggestives.
"La voiturette ne parvenait qu'à dépasser des tracteurs et cyclomoteurs. Toujours rangée à droite, toujours en proie à des berlines exaspérées où devaient se proférerer des injures à l'encontre de ces "croulants", ces inaptes à la conduite, la "vraie". Toute cette agressivité routière, si pénible à supporter lorsque l'on est à bord d'un véhicule normé, n'atteignait pas Robin. Dans la Ligier, c'était une autre route, un autre trafic, une autre durée.
Raphaëlle ou l'ordre des choses est essentiellement un long cri de rage. Pour échapper à sa mère qu'il croit attachée à lui nuire, Georges , paysan dans le vignoble du Madiran, évoque dans son journal de la souffrance et des espoirs quotidiens, les diverses issues explorées : l'amour, la réussite sociale et le verbe.
Son écriture exprime son trop-plein de vitalité, de violence, de désir et la fusion avec la terre. Sa langue, à la fois riche et chatoyante, savante et poétique, savoureuse et populaire est celle de l'ancien séminariste, du professionnel de la viticulture et du paysan gascon.
Unité de lieu : le garage d'une "maison de maçon", dans la banlieue de Bourg-en-Bresse.
Unité d'action : l'anti-héros, Bernard, prépare avec minutie son "arrêt de vie". Il a prévu une mise en scène grandiose, inspirée des somptueux tombeaux de Marguerite d'Autriche et de Philibert le Beau, joyaux de la flamboyante église de Brou.
La confidente : une mouche ! une petite Fannia cannicularis.
« Je dois peut-être vous préciser que l’une des raisons qui m’avaient conduit à répondre à l’annonce parue sur monster.fr était de travailler dans ce que les professionnels appellent “le secteur médico-social”. S’occuper des personnes âgées, des handicapés, des pauvres ou des enfants valait forcément mieux qu’aller faire du contrôle de gestion dans l’industrie ou dans la banque ou que vendre des brosses à dents…
Tant d’innocence me fait sourire aujourd’hui, même si je n’ai que trois ans de plus.(...) »
Frais émoulu d’une grande école de commerce, le narrateur est nommé directeur d’une maison de retraite en Côte d’Or.
Sa première décision consiste à licencier Sophie, une aide-soignante responsable de “l’incident” et à gérer la grève de solidarité du personnel. Il est alors pris en tenaille entre sa hiérarchie et les employés en lutte. « Il faut être salarié quelque temps de l’un de ces groupes pour mesurer qu’ils sont aussi éloignés de la vertu que les chaînes d’information le sont de la compassion.»
Auteur précédemment de trois essais, Damien Lorton choisit cette fois le roman afin d’analyser les rouages de l’entreprise au travers de personnages dépeints avec verve et humour pour atténuer la noirceur des situations.
« Le livre, illusoire miracle pour prolonger la vie. Formidable outil pour défier le temps et garder gravée la mémoire, pour sauver êtres et œuvres de l’oubli… Mais, il était menacé. Internet guettait. La génération Internet broyait l’univers du livre. Sonnerait-elle le glas de la civilisation de l’écriture ? La perspective angoissait Gérard. Il en était désemparé. C’était son univers qui se consumait...
Mais il sentait confusément le pourquoi de l’explosion d’internet. De tout temps, se sont inventés des espaces de liberté. Pour lutter contre l’étouffement, l’oppression… Face à l’ordre opaque, ce qui importe, ce sont les fissures, les interstices creusés dans le mur, par où la vie s’évade et s’échappe... Et, de tout temps, les tenants du pouvoir ont tenté de les réduire, voire de les détruire... »
Amoureux des livres, Gérard, prof d’histoire, est profondément affecté et déstabilisé par l’autodafé qu’il découvre dans son appartement et le sigle ninJA inscrit sur les murs.
L’enquête qu’il entreprend pour tenter de comprendre le conduit à revisiter l’histoire, à chercher les racines profondes des racismes qui s’exaspèrent à notre époque.
Luc Montlevrant, enseignant puis postier, militant syndical et associatif, signe avec "Feu sacré" son troisième roman.
«... Claude, l’intermittent des métiers du bâtiment, débarque, cheveux en pétard et déjà à l’affût du premier jeu de mots facile. Trois cafés serrés à la suite pour supporter une longue journée de petits boulots payés exclusivement en liquide. Pas d’impôts, mais pas de retraite non plus. Voilà comment fonctionne Claude. Le système ne peut pas compter sur lui, mais il ne compte pas sur le système.
Une égale répartition de non richesse...»
Ernest est un écrivain en mal d’inspiration, sommé de remettre à son éditeur le manuscrit du roman pour lequel il a reçu d’importants à-valoirs.
Installé dans le bistrot d’Henri, il sympathise avec tous les habitués qu’on voit défiler jour après jour et dont Jean-Luc Luciani trace le portrait avec un véritable talent de caricaturiste.
Comment Ernest parviendra-t-il à remettre le manuscrit en temps et en heure ?
Comment supportera-t-il le succès ?
Jean-Luc Luciani va rondement mener l’intrigue avec un style dépouillé, alerte, dans le monde de l’édition qu’il connaît bien puisqu’il est lui-même auteur de nombreux livres pour la jeunesse et responsable de la collection Cannelle aux Editions Rouge Safran.
"La haine, c'est la réponse des humiliés"
Qui est Mamie H ?
Pourquoi cette septuagénaire est-elle devenue dealer ?
Comment se fournit-elle en cannabis ?
A partir d' un fait divers lu dans la presse, Bernard Chatelet va construire ce nouveau roman. Une véritable étude de moeurs dans laquelle il décortique, avec dérision et humour, les rapports complexes entre les générations, entre les jeunes délinquants ou désoeuvrés et les policiers... Des dialogues, vifs, drôles, dans un langage fleuri pour révéler avec pudeur une situation de détresse matérielle et affective.
On sent toute la compréhension sans fausse naïveté, toute la tendresse de Bernard Chatelet pour cette "France d'en bas", ces démunis capables pour peu qu'on leur en donne l'occasion, d'élans chaleureux de solidarité.
- Trois quoi ?
- Des ganstères femelles, elles ont démoli la banque, tu ne vas pas me faire croire que t'as rien vu ni entendu ? Note bien, ce que j'en dis, c'est histoire de causer.
Gaston hocha la tête. Gaston hochait quand il n'avait pas envie de répondre à des questions indiscrètes, et il avait lu dans Ouest-France, à la page des conseils aux célibataires, que ça donnait l'air sérieux. Depuis, il hochait tellement que c'était devenu une habitude. Même en marchant. Ce qui expliquait cette démarche que les commères qualifiaient d'ébrieuse. Enfin, pour celles qui se piquaient de vocabulaire."...
Il y a quelques années, après une révolte des personnes âgées dans les hospices et mouroirs, certaines maisons de retraite se mirent en autogestion. Ce vaste mouvement avait permis de notables améliorations dans leurs conditions de vie mais les fonds de pension anglo-saxons, soutenus par les banques, ont repris peu à peu le pouvoir.
L’effondrement des cours des bourses, la découverte des malversations des dirigeants de ces banques, l’incapacité et la bêtise des gouvernements ou leur vénalité et leur obéissance aux ordres des financiers, ont provoqué une nouvelle vague de colère.
Dès lors tout est à refaire ! Mais comment créer une communauté de vieux quand on n’a pas d’argent ? C’est ce que nous conte Jacques Thomassaint dans ce nouveau roman.
«... Errance des mots couchés sur le papier.
Errance des sentiments et du corps et des blessures naissantes.
Errance de l’enfance à jamais imprimée.
Errance d’adolescence.
Errance immense et brasier magnifique.
Eclaboussures de soleil.
La Valse des amants et des sentiments.
La Valse des enfants.
Je ne veux plus de souvenir.
Ecrire au présent...»
Errances, voyages en terres lointaines, voyages dans l’intime d’un être crispé sur sa propre détresse, sa recherche éperdue d’un Ailleurs idéal.
On ne peut résumer cette œuvre. Il faut la lire, s’en imprégner, la vivre ligne par ligne, dans le drame dont elle se fait l’écho, dans l’imbrication des événements et des pensées. Cri de l’âme mise à nu à l’épreuve du sang et du feu !
Un homme au regard fou, à l’allure bizarre, ramasse l’un d’eux, le déplie, le lit, et fonce genoux haut levés au bout de l’avenue. Personne ne l’a vraiment vu, personne n’a eu le temps de distinguer son visage, mais chacun garde son déhanchement en mémoire, la vitesse liée à cette élévation inhabituelle des genoux.
- Au secours ! À l’assassin !
Une femme en rose fluo court à son tour, aussi vite qu’elle peut malgré ses talons hauts et sa jupe étroite. Elle disparaît elle aussi assez vite au bout de l’avenue....
Tout le monde regarde, ébahi. Voici bien deux siècles qu’on n’avait pas vu une telle scène en pleine ville. Tout, aujourd’hui, se passant entre quatre murs et par téléphone... »
Disons que c'est l'histoire de la journée d'un homme dont la principale occupation est de se suicider avec entrain. Du lever au coucher, dans son immeuble, dans la rue, à son travail, à l'enterrement de ses amis... En fait tout irait à peu près bien si son médecin ne venait de lui annoncer qu'un requin nage dans son corps. Heureusement, pour lui changer les idées, un quator de Mexicains apparaît régulièrement pour lui interpréter une chanson.
Martin Page vit à Paris. Particulièrement remarqué par la critique, son premier roman Comment je suis devenu stupide paru au Dilettante en 2001 a connu un grand succès auprès du public.
"C'est le ton de l'auteur qui enchante. (...), Martin Page réussit à développer un univers rare : le plus absurde, le plus grotesque est comme traversé par une "lucidité" qui prend peut-être ces atours par élégance ou "politesse"."
Pierre Hild, Librairie Sauramps - Montpellier
"Le propos de Martin Page se fait plus incisif que dans son premier ouvrage Comment je suis devenu stupide. (...) La justification de ces différentes actions est souvent étonnante et drôle ! "
Fabienne Lhopital, Libraire Le Bateau blanc - Brignolles
Et tourbillonnent nos vies à travers le hublot, nos vies embrassées, concentrées, nos vies boules-énergie, nos vies-obus, nos vies prêtes à jaillir, à faire sauter la laverie, à éclabousser les étoiles inertes de cette nuit de novembre, à exploser en feux grégeois de l’amour et du chant !...»
J'étais une serrure et j'avais trouvé la clé. Il s'appelait Egon Bauer, était un chirurgien mondialement reconnu, collectionnait les toiles de maître comme les boîtes de camembert et n'attendait plus rien de la vie ..."
Quelle est cette serrure ? Quelle est cette clé ? Qu'est-ce qui peut entraîner le jeune peintre Marech Winsor et un célèbre chirurgien esthétique dans une sanglante recherche de la beauté ?
Car, actuellement, dans notre société, "le génie ne suffit pas, on ne peut dissocier l'artiste de son œuvre, les gens veulent des stars ! " comme le dit Franco, le critique d'art, qui se refusera à parler de l'œuvre de Marech tant que celui-ci restera anonyme.
Stéphan TUREK est un artiste-peintre domicilié dans l'Essonne. Il a réalisé de nombreuses expositions dans des galeries parisiennes. Passionné de littérature fantastique, il signe, avec Frénésie esthétique, un premier roman qui s'inspire de ses deux passions.
“Je marche” est un puzzle littéraire. La traversée d’un cimetière par un clown assailli par son passé. Charivari de souvenirs, éclats d’existence, tragiques, joyeux, érotiques, burlesques... Le désordre apparent des songes dessine au fil des pages le portrait d’un homme.
Roman kaléidoscopique, il se présente sous la forme de textes plus ou moins courts qui ne se suivent pas nécessairement. Je marche nous rappelle la dimension somnambulique de l’existence. C’est le premier ouvrage de la nouvelle collection Promenade Mutine.
Né en 1958, pétri de cirque, d’architecture, de jazz et de psychanalyse, Pierre Fatus est devenu clown. Du Théâtre du Soleil au Crazy Horse Saloon, avec son cirque au Japon ou au pied de l’Etna, il joue à la marelle avec les frontières.
Comment expliquer à Marie, comment raconter à cette inconnue qu'une nuit une adulte s'était penchée sur votre lit d'enfant pour vous dire que tout allait s'arranger, que maman allait très vite revenir à la maison ? Cette promesse ce fut une voix, un murmure survenu après les cris des policiers, les cris de grand-mère et d'Alice. Survenu après les pleurs d'Amanda, enfant de cinq ans cramponnée à son ours en peluche. Cette promesse... une bouche qui avait déposé un baiser sur son front "tout va s'arranger", une main qui avait remonté le drap, reposé le nounours tombé à terre au creux de ses bras "tout va s'arranger". Un corps qui avait emporté la peur de la nuit avec lui. Et depuis Amanda avait attendu, toutes les autres nuits, que le miracle se renouvelle, peut-être.
Quelle voix, quelle bouche, quelle main avaient été capables de faire ça ? Etait-ce vraiment Claudia ? Qui d'autre, de toute façon ?
"Châteauneuf ! ... Les murs noirâtres de la prison s'éloignent, le moutonnement apaisant des collines les a remplacés. La senteur de la forêt, le parfum léger des tilleuls en fleurs couvrent l'odeur fétide de ce trou sordide. Châteauneuf, c'est la demeure mythique, c'est l'Ailleurs de tous les rêves depuis dix ans, l'Appel si puissant qui l'a poussé au meurtre..."
Ce n'était, autrefois, bien avant que je ne le serve, qu'un simple jeu, une détente pour l'esprit, un exercice pour le corps..."
Un roman à suspens, plaisant à lire mais qui oblige à une réflexion approfondie sur notre devenir.
"Sans attendre, Ludovic joua g6
La partie commençait. Je me déculpabilise parfois en me disant que nous n'avions plus dès cet instant, le pouvoir de refuser le rendez-vous d'Amiramis. Etait-il écrit au soir du Champ des Merles, que je devais, moi François, six siècles plus tard, mettre en marche le jeu de vie et de mort en déplaçant le cavalier d'apolypse ? Je ne sais pas, c'est le bordel dans ma tête..."
Pris dans la magie maléfique d'un jeu d'échec rapporté d'Orient par un Croisé, les personnages de ce roman, qui ont vécu à des titres divers les événements effroyables du Kosovo au XXème siècle, vont être entraînés dans des souvenirs qu'ils avaient volontairement occultés, qui s'imposent à eux et qu'ils doivent exorciser s'ils veulent continuer à vivre.
Y parviendront-ils ?
Ce roman a obtenu le 1er Prix du Roman Claude Favre de Vaugelas ainsi que le 1er Prix du Roman d'Ambronay en 2001.
"... Chacun chemine sur sa rive. Entre eux, un fossé creusé par une suite d'évènements sur lesquels ni lui ni elle ne peuvent rien : la guerre et son cortège d'horreurs pour le père et, pour la fille, le chômage, la précarité, la menace de mort pour chaque acte d'amour. Une histoire subie qui les façonne au goût du jour. Des êtres mal dans leur peau, tout en révolte intérieure mais contraints au silence et à la soumission à une société policée, consensuelle, où le fric tient lieu de morale...
Que d'incompréhensions, de malentendus entre Michel, le père, traumatisé par la violence subie en Algérie dans sa prime jeunesse et dont il ne parle jamais et Céline, la fille, confrontée aux difficultés d'une France multiculturelle !
"On serait parti en Ecosse...
C'est cela, je te dirai que l'on ira en Ecosse.
Tu y croiras.
Tu me croiras.
Tu me suivras.
La brume ensevelira ce qu'il te reste de secret et la moiteur autour, ce gris-eau dérobé au gris-ciel.
C'est cela...
Dès maintenant je te dirai et l'on pourra prévoir.
Veux quelques lacs, quelques auberges, quelques baisers.
Mais toi, toi, voudras-tu ?
Et je veux des réveils à la teinte des nuages et des repas légers et l'ambre du silence..."
Un style poétique pour exprimer l'indicible !
Hélène Rios-Perez, par petites touches, nous entraîne dans un univers de doutes, de meurtrissures, de béances...
Pour oublier l'enfance souillée, elle fuit dans des voyages au bout du monde où elle rencontre d'autres misères, d'autres blessures. Elle fuit dans des amours impossibles car, même aux rivages aigus de la jouissance, elle ne peut oublier l'Avant, le passé, l'enfance, l'autre aimé -le père-.
Par son style original, dépouillé, suggestif, Hélène Rios-Perez crée une atmosphère où se mêlent nostalgie, violence, érotisme, sur fond d'une mort annoncée.
Comme son héroïne, Hélène RIOS-PEREZ a, très jeune, accompli un tour du monde "initiatique". Aujourd'hui, elle est documentaliste dans un lycée professionnel. Elle anime des ateliers d'écriture. Elle a participé à plusieurs revues, notamment à Sorcières.
L'Amant de Saturne est son premier roman.
"J'apprendrai que Fil et Doudou, à la demande d'Androuschka, avaient envisagé de réagir."Tu présentais des signes évidents de démence" me confiera le vendeur de cercueils, pendant la mi-temps d'un match du Tournoi des VI nations. Ils avaient même projeté d'agresser physiquement Gustave, qu'ils soupçonnaient de m'avoir initié à Ludwig pour m'envoûter, et me manipuler afin d'obtenir ensuite Dieu sait quoi ! Le répertoire des perversions humaines dépassait leur imagination.
Finalement, ils m'avaient offert l'intégrale de Salvatore Adamo.
Ce ne sera pas la seule fois, cet été-là, que j'épouserai la passion d'un autre, le seul moyen que j'ai trouvé pour pallier mon inappétence pour les plaisirs de la vie."
Dès le livre refermé, on a une grande envie d'aller arpenter les avenues de ce cimetière de Paris-Pantin à la recherche des personnages que Marc Victor a su rendre si attachants, si émouvants dans leur désertitude, si proches de nous : Guillain le narrateur, la vieille Androuschka qui dialogue avec ses souvenirs, Fil le sourcilleux gardien des lieux, Doudou, le vendeur de cercueils aux fantasmes morbides et Gustave et Augustine de passage cet été là dans ce lieu calme, fleuri, paisible (pas toujours d'ailleurs !)
Il se dégage, de ce roman tragi-comique, au travers de scènes et de situations souvent burlesques, une mélancolie douce-amère.
Je vous parlerai de la lumière des étoiles qui vient de la nuit des temps. Je vous dirai pourquoi mêmes mortes, les étoiles continuent de briller... et je vous dirai la lumière de maman...
Si je suis grand, je sera pas Président, je sera poète."
On sort bouleversé, révolté, de la lecture de ce court roman. Révolté parce qu'impuissant ? Claude Andieux ne juge pas. Il laisse chacun face à sa conscience.
Claude Andrieux est né au Maroc et y a vécu jusqu'à l'âge de 17 ans. Il a enseigné la philosophie à Strasbourg pendant 5 ans. A présent, il se consacre à l'écriture.
Les sensations, les émotions les plus intimes, les initiations : rien n'échappe à Jean-Yves LE GAGNE.
A 50 ans, marié, père de deux enfants, animateur socioculturel après une vie de "petites galères", l'auteur, Jean-Yves Le Gagne n'a rien perdu de sa candeur et du langage du Pierrot qu'il fut. Installé à Lamalou-les-Bains, il enseigne la guitare à l'école de musique du SIVOM.
Le carnaval du temps de la lune est son premier roman.